10 février 2017
Le WAX : ce que j’en pense
Le 30 décembre dernier, le journal Le monde a publié un article sur le WAX intitulé : ‘’Comment le wax fait croire qu’il est africain et étouffe les vrais tissus du continent’’ qui a soulevé pas mal de réactions du genre : Ah bon…Je ne savais pas…
J’ai été étonnée de lire de tels commentaires, mais en même temps je comprends car moi-même je n’ai connu la véritable origine du WAX qu’au moment où j’ai commencé à travailler avec ce tissu. J’ai voulu découvrir l’origine de ce textile que l’on retrouve dans une bonne partie de mes créations et j’ai ainsi appris que :
Le WAX, bien que communément appelé pagne africain et majoritairement porté en Afrique, ne vient pas du continent africain. Sa fabrication a débuté au XIXè siècle dans les colonies hollandaises et anglaises en Indonésie par une technique manuelle d’impression à la cire (qui se traduit WAX en anglais, d’où le nom donné à ce tissu) de motifs colorés sur du tissu en coton.
Les premiers WAX ont été rapportés en Afrique par les hommes du royaume Ashanti situé en Côte-de-l’Or (actuel Ghana) qui sont partis combattre à Bornéo et Sumatra sous la direction des colons hollandais et anglais.
Depuis cette époque, le WAX, s’est largement répandu sur le continent et même en dehors où il est décliné sous différents formats : vêtements, accessoires de décoration, accessoires de mode pour hommes, femmes, enfants, etc.
De leur côté, les hollandais dont Pieter Fentener van Vlissingen installent en 1846 une usine VLISCO (qui produit jusqu’à présent le WAX hollandais et trois autres marques que sont : Woodin, Uniwax et GTP) à Helmond aux Pays Bas et industrialisent la technique des indonésiens pour pouvoir produire le WAX en plus grande quantité et le vendre moins cher.
Il existe différents types de WAX à savoir : le WAX hollandais encore appelé WAX néerlandais qui, comme son nom l’indique, est produit en Hollande; le WAX anglais, moins prestigieux que le précédent et produit au Royaume Uni.
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Il existe également du WAX africain qui, produit principalement au Ghana au départ, s’est par la suite étendu à d’autres pays africains tel que le Bénin, mon pays d’origine. Au Bénin, le WAX est produit par la Société Béninoise de Textile (SOBETEX) où on retrouve trois qualités de WAX : le Chigan, de qualité comparable au wax hollandais ; le Védomè, de qualité intermédiaire et le Chivi qui est d’une qualité nettement inférieure aux deux autres.
Ces dernières années, l’engouement pour le WAX a connu un essor fulgurant aussi bien sur le continent africain, qu’en Europe et aux États-Unis avec des stars telles que Rihanna, Beyoncé et bien d’autres qui n’ont pas hésité à le porter. Même des marques de luxes telles que Burberry l’ont inséré dans leurs collections.
Avec ce déploiement en force du WAX à travers le monde, la question est de savoir: quelle place nous les créateurs accordons-nous aux tissus d’origine africaine dans nos créations?
De mon côté, j’utilise déjà du WAX africain dans certaines de mes créations et cette année, j’introduis le bogolan (tissu produit au Mali, Burkina Faso et Guinée et caractérisé par ses rayures et la technique de teinture) qui a également le vent en poupe ces derniers temps.
D’autres marques telles que Nana Wax, Sapelle, Nio Far, EbonyCity, Norwegian wood, Nakimuli, les Enfants sauvages utilisent déjà le bogolan. Les créateurs Élie Kuamé qui affectionne le dan fani (pagne tissé au Burkina Faso) et Iman Ayissi qui utilise le batik et le kenté (tissu ghanéen) se défendent de ne pas utiliser du WAX qui n’est pas africain et mettent en lumière dans leurs créations des textiles provenant du continent.
Même si le WAX connait un essor fulgurant, les textiles d’origine africaine font leur chemin. À nous créateurs de les utiliser de plus en plus pour contribuer à leur rayonnement et exportation.
Ingrid, fondatrice de Coo-Mon Accessoires et Cultures